CONSEILS
D’EXPERTS
Gestion des carences en oligo-éléments sur céréales
Assurer une nutrition optimale aux céréales est essentiel pour garantir de bons rendements et une qualité optimale des grains. Parmi les éléments indispensables à leur développement, les oligo-éléments jouent un rôle fondamental. Un déficit en ces nutriments peut avoir des conséquences importantes sur la santé des cultures et entraîner des pertes de production.

LES OLIGO-ÉLÉMENTS, C'EST IMPORTANT POUR LES CÉRÉALES
Chaque type de culture possède des exigences spécifiques en oligo-éléments. Par exemple, les céréales à paille nécessitent davantage de cuivre et de manganèse, tandis que le maïs a un besoin accru en zinc et en manganèse, et le tournesol en bore.
Selon la loi du minimum de Liebig, la croissance d’une culture est limitée par l’élément nutritif en plus faible quantité. Ainsi, une carence dès le début du développement peut freiner le rendement final, même si les autres nutriments sont présents en quantité suffisante.
Il est donc essentiel d’apporter les oligo-éléments adaptés pour garantir une production optimale en grandes cultures.
COMMENT IDENTIFIER UNE CARENCE EN OLIGO-ÉLÉMENTS SUR CÉRÉALES ?
Bien que les sols français soient généralement bien pourvus en oligo-éléments, certaines conditions peuvent limiter leur assimilation. Des facteurs tels que le type de sol, son pH, les conditions climatiques ou encore l’interaction avec d’autres éléments peuvent entraîner des blocages nutritionnels.
Voici les principaux symptômes liés aux carences :
- Manque de zinc : bien que rare, il peut avoir un impact majeur sur le maïs.
- Déficit en manganèse : problématique pour les céréales à paille, elle se manifeste par des taches vert pâle, un flétrissement progressif et un dessèchement des feuilles anciennes. Dans les cas graves, certaines parcelles peuvent être totalement détruites.
- Carence en cuivre : se traduit par l’apparition de bouts blancs lors de l’épiaison, nuisant à la fertilité des épis. Cette carence est moins fréquente, mais certaines zones viticoles peuvent présenter des excès de cuivre en raison des antécédents culturaux.
- Déficit en bore : entraîne des malformations des épis et une croissance racinaire réduite, particulièrement visible sur le tournesol dans les zones calcaires et sujettes à la sécheresse.
- Manque de molybdène : se traduit par une décoloration généralisée et des feuilles déformées.
Une observation attentive du feuillage, couplée à des analyses de sol et de sève, permet de détecter précisément ces carences et d’adapter les corrections nécessaires.
QUELLES SONT LES CAUSES DES CARENCES EN OLIGO-ÉLÉMENTS ?
Plusieurs facteurs peuvent limiter l’absorption des oligo-éléments par les plantes :
- Nature du sol : les sols sableux, calcaires ou à pH élevé entravent l’assimilation de certains nutriments. Par exemple, le manganèse est moins disponible dans les sols riches en matière organique ou en calcaire actif, tandis qu’un sol acide limite l’assimilation du molybdène.
- Présence d’éléments antagonistes : un excès de calcaire actif freine fortement l’absorption du fer.
- Conditions climatiques défavorables : une sécheresse prolongée ou un sol trop humide peut perturber l’absorption des oligo-éléments. Un printemps froid limite notamment l’absorption du zinc par le maïs, tandis que le bore et le manganèse sont fortement impactés par un déficit hydrique.
- Teneur en matière organique : si elle est excessive, elle peut bloquer certains oligo-éléments comme le cuivre et, dans une moindre mesure, le manganèse. À l’inverse, un sol pauvre en matière organique réduit l’assimilation du bore et du molybdène.
- Pratiques agricoles : un travail du sol trop fin ou trop profond favorise l’oxydation du manganèse, le rendant moins assimilable par les plantes.
COMMENT CORRIGER UNE CARENCE EN OLIGO-ÉLÉMENTS ?
Pour rectifier un déficit, il est essentiel d’effectuer un diagnostic précis :
- Analyser le sol et le feuillage :
- Une analyse de terre permet d’évaluer les risques de carence en fonction de la structure du sol, de sa texture et de son pH.
- L’analyse des tissus végétaux ou de la sève offre une indication rapide sur un éventuel manque, mais ne permet pas d’anticiper les risques à long terme.
- L’observation directe du terrain permet de détecter d’éventuelles anomalies comme un tassement excessif ou un déficit en porosité.
- Apports foliaires ciblés :
- Une application par pulvérisation permet une assimilation rapide des oligo-éléments.
- Il est recommandé d’utiliser des produits simples pour éviter les antagonismes entre éléments (par exemple, éviter l’association cuivre/zinc ou manganèse/cuivre).
- Engrais enrichis en oligo-éléments :
- Intégration de ces éléments dans les fertilisants de fond pour une diffusion progressive dans le sol.
- Amélioration de la structure du sol :
- Ajustement du pH, apport de matière organique et gestion du travail du sol pour améliorer la disponibilité des nutriments.
- Rotation des cultures :
- Certaines plantes aident à mobiliser les oligo-éléments, favorisant ainsi leur disponibilité pour les cultures suivantes.
A QUEL MOMENT APPLIQUER LES OLIGO-ÉLÉMENTS ?
Le moment d’application est essentiel pour garantir une absorption efficace :
- Stade de tallage : un apport précoce favorise le développement initial et la multiplication des talles.
- Montaison – épiaison : période critique où un apport peut renforcer la fertilité des épis et assurer un bon remplissage des grains.
- En cas de stress climatique : après une sécheresse ou un excès d’eau, un apport peut être nécessaire pour compenser les carences.
QUELLES SOLUTIONS NATURELLES POUR AMÉLIORER L'ABSORPTION DES OLIGO-ÉLÉMENTS
- Utilisation de biostimulants : les extraits d’algues ou les acides humiques favorisent l’assimilation des nutriments.
- Gestion des couverts végétaux : certaines plantes améliorent la mobilisation des minéraux.
- Inoculation de micro-organismes : certaines bactéries du sol augmentent la disponibilité des oligo-éléments.
EN RÉSUMÉ, UNE APPROCHE PRÉVENTIVE
Une gestion efficace des carences en oligo-éléments repose sur une approche préventive combinant observation des cultures, analyses du sol et stratégies d’apport adaptées.
En mettant en place des pratiques raisonnées et des solutions naturelles, les agriculteurs optimisent la nutrition de leurs céréales, garantissant ainsi des rendements plus élevés et des cultures plus résistantes aux stress environnementaux.