CONSEILS
D’EXPERTS

Tout savoir sur les phytoplasmes en agriculture

Transmis par des insectes piqueurs-suceurs, les phytoplasmes colonisent la sève des végétaux et provoquent de nombreuses maladies des cultures.

Champ de lavande en fleur sur le plateau de Valensole

DES BACTÉRIES DÉPOURVUES DE PAROI

Observés pour la première fois au Japon en 1967 sur des plantes atteintes de jaunisse, les phytoplasmes sont des bactéries dépourvues de paroi.
Ils colonisent la sève élaborée de leurs hôtes, provoquant des jaunisses, rougissements foliaires, développements anormaux, prolifération de branches, dépérissements…
Si la vigne et les arbres fruitiers sont concernés par la maladie, elle affecte également grandement les cultures de lavande et lavandin.
Il n’existe actuellement pas de méthode curative
contre les phytoplasmes.

vignes et arbres fruitiers sont les plus touchés

Une fois dans leur hôte, il n’est plus possible de les déloger. Ils sont transmis d’une plante à l’autre par des insectes piqueurs-suceurs (cicadelles, psylles) qui, lorsqu’ils deviennent infectieux, le restent pour la vie.
Les phytoplasmes ont la particularité de ne pas pouvoir être isolés et cultivés in vitro.
Les cultures les plus touchées sont la vigne, les arbres fruitiers (abricotiers, pêchers, poiriers et pommiers) ainsi que la lavande et le lavandin.
Il n’existe pas de méthodes curatives contre les phytoplasmes. La seule prévention possible est d’éliminer les plantes infectées et les insectes vecteurs.
Le traitement à l’eau chaude des plants, de plus en plus utilisé en vigne, permet de tuer les phytoplasmes éventuellement présents dans les greffons et porte-greffes.

FLAVESCENCE DORÉE : UN PHYTOPLASME APPARU EN 1950

C’est le seul phytoplasme classé comme organisme de quarantaine au niveau européen.
Apparu en France en 1950 dans le Sud-Ouest, il n’a cessé de progresser dans les différents vignobles. Seuls quelque uns sont encore épargnés. La lutte, qui doit être globale et collective, repose sur trois piliers :

  • La plantation de matériel végétal sain
  • La suppression des pieds atteints, voire l’arrachage total des parcelles si plus de 20 % des pieds sont atteints.
  • La lutte contre le vecteur, la cicadelle Scaphoïdus titanus par des traitements insecticides.
LES ARBRES FRUITIERS NE SONT PAS ÉPARGNÉS

Ces phytoplasmes sont responsables de trois maladies des vergers : l’enroulement chlorotique de l’abricotier (ECA), le dépérissement du poirier et la prolifération du pommier. Ils sont véhiculés par des psylles.
Très semblables sur le plan génétique, Candidatus phytoplasma prunorum, Candidatus P. pyri et Candidatus P. mali ont des impacts variables. Le plus problématique est l’ECA. L’unique moyen de lutte repose sur la prophylaxie : production de plants sains et protection des vergers contre les psylles.
D’autres phytoplasmes, non encore présents en Europe, sont à surveiller : le balai de sorcière sur amandiers, pêches et nectarines (présents au Liban et en Iran), la maladie du Western X sur cerisier, très préjudiciable aux Etats-Unis.

PHYTOPLASME DU STOLBUR SUR LAVANDE ET LAVANDIN

Présent depuis les années 70, le phytoplasme du stolbur affecte gravement les cultures de lavande et lavandin en Provence. Il est transmis par un insecte hémiptère : Hyalesthes obsoletus.
Les seules méthodes de lutte sont d’ordre prophylactique, mais elle se révèlent insuffisantes avec le réchauffement climatique : éliminer les plants malades, planter des plants sains, utiliser des variétés tolérantes à la maladie…
En effet, le recours à des insecticides contre l’insecte vecteur adulte est impossible car il coïncide avec la floraison et serait catastrophique pour les abeilles.
Les pistes pour l’avenir résident dans la recherche de variétés nouvelles moins sensibles et de nouveaux itinéraires de culture pour perturber la biologie de l’insecte vecteur.
A noter que le phytoplasme du stolbur est par ailleurs à l’origine du bois noir de la vigne.

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